La ronde des exactions continuent au Honduras, bien que le pays soit maintenant dirigé par un président "démocratiquement élu", comme on dit, les paramilitaires assassinent à tout va. Et les tueurs des narcos semblent également être à la fête, curieusement cela se passe dans la même région du pays : la région de l’Aguán sur la côte atlantique.
De là a y voir de curieuses coïncidences... cela doit faire parti de notre mauvais esprit.
Jeudi 18 mars 2010 : Encore deux assassinats
(merci à Reineroro)
Deux nouveaux assassinats dans le conflit de l’Aguán
Communauté de Carbonales, Bonito Oriental département de Colón
José Antonio Cardoza et José Concepción Carias deux quinquagénaires ont été assassinés hier à midi, par des individus non identifiés qui leur ont tiré dessus avec des fusils alors qu’ils se dirigeaient vers leur maison, après avoir terminé leur journée de travail dans la culture de haricots. Les deux paysans étaient dirigeants de l’Entreprise Associative Brisas de Cohdefor, ils auraient reçu des menaces de mort de la part d’un supposé propriétaire des terres, Carlos Díaz, qui se fait représenter par un mandataire légal, ont indiqué des fonctionnaires de l’Institut National Agraire (INA) à Tocoa, Colomb, le vendredi 12 mars dernier. A l’INA ils leur ont recommandé d’ne informer le Ministère public.
Environ 25 familles occupent et habitent depuis à peu près 4 ans environ 60 hectares, la propriété qui appartenait avant cela à la Corporation Hondurienne de Développement Forestier (Cohdefor).
Dans le contexte du conflit agraire de l’Aguán, les propriétaires terriens de la zone ont redoublé la répression, les menaces et les intimidations contre les familles paysannes qui occupent des terres, ces deux nouvelles victimes s’ajoutent à la liste d’assassinats qui devient bien trop longue pour être ignorée.
Vendredi 12 mars 2010 : De nouveaux assassinats politiques dans l’Aguán
Des militants du Front National de Résistance Populaire (FNRP) du Honduras ont dénoncé ces dernières heures les assassinats de deux ouvriers agricoles, Ramón Ulises Castellanos et Miguel Sauceda habitant le quartier El Naranjo, dans le département de l’Atlántida. Les deux victimes de la répression politique qui continue sous le gouvernement de Pepe Lobo avaient été kidnappées le jour précédent.
Cette situation très tendue est provoquée par les propriétaires latifundiste qui, avec l’appui des putschistes, occupent violemment les terres que Manuel Zelaya avait libérées et qu’il avait donné aux paysans afin qu’ils se mettent à les rendre productives [1]. Depuis plusieurs mois les paysans subissent une vague de répression violente exécutée par l’armée à la demande des grands propriétaires terriens, comme Miguel Facussé.
Alors que Pepe Lobo convoquait une commission pour s’entretenir avec les paysans les membres du FNRP indiquent que "Lobo donnait également un signal aux escadrons de la mort ayant pour conséquence l’assassinat de Ramón Ulises Castellanos et de Miguel Sauceda".
Les organisations des droits de l’homme comme le Comité pour la Défense des Droits de l’Homme au Honduras (CODEH) et le Comité des Détenus et des Disparus au Honduras (COFADEH) ont fait remarquer qu’il existe des liens évidents entre le gouvernement de droite de Lobo et les paramilitaires.
Vendredi 12 mars 2010 : Un journaliste de la région Atlantique assassiné après des menaces attribuées aux narcos
Dix jours après la mort de Joseph Ochoa, journaliste à Canal 51, David Meza Montesinos devient le deuxième journaliste hondurien assassiné depuis le début de l’année.
Journaliste de la radio locale El Patio, correspondant du canal Abriendo brecha et de la station nationale Radio América, David Meza a été assassiné par des tirs d’arme à feu lors d’une embuscade dans la nuit du 11 mars 2010 à La Ceiba, sur la côte atlantique. Un journaliste souligne que la victime avait reçu des menaces de mort trois semaines auparavant après avoir diffusé des informations sur le narcotrafic.
Face à l’absence de mobile nous demandons aux autorités responsables de l’investigation d’explorer cette piste en priorité. Les mafias de la drogue représentent l’une des principales menaces pour la presse sur le continent. Le littoral atlantique hondurien est une place très importante pour le narcotrafic.
La presse nationale a regretté la mort de David Meza, 51 ans, qui a travaillé pour El Patio durant 30 ans. Il devait sa popularité à la couverture d’événements sportifs et à son rôle comme envoyé spécial aux États-Unis après l’ouragan Katrina. Il avait été le seul représentant de la presse hondurienne à la Nouvelle-Orléans.
La situation est alarmante au Honduras, depuis le coup d’État du 28 juin 2009 les atteintes aux droits de l’homme s’ajoutent à une forte insécurité. Dans ce sens la nomination, le 8 mars 2010, de l’ex-général Romeo Vásquez Velásquez [2] comme directeur de l’entreprise nationale de télécommunications Hondutel est une décision malheureuse [3].
Il est inadmissible que cet homme ne réponde pas pour les violations des droits de l’homme commises sous son commandement durant le coup d’État, pour lequel il a été un acteur clef. Maintenant, on commet cette faute politique de le nommer dirigeant d’Hondutel, alors qu’il est difficile d’oublier le rôle de censeur joué par l’armée au moment du putsch. C’est un très mauvais signe envoyé aux médias d’opposition qui n’est pas en accord avec la politique de la réconciliation du président Porfirio Lobo.
Lundi 15 mars 2010 : Le journaliste Nahun Palacios criblé de balles dans l’Aguán
Suivant les indications des autorités, lundi, des tueurs ont criblé de tirs le journaliste Nahúm Palacios et ils ont gravement blessé la personne qui l’accompagnait sur la côte atlantique du Honduras.
Palacios, 36 ans, rentrait chez lui dans le quartier Los Pinos de Tocoa dimanche soir, à environ 400 km au nord de Tegucigalpa, quand des inconnus l’ont attaqué et l’ont tué en utilisant des AK-47, indique le communiqué de la police.
Le corps du journaliste, qui était directeur d’information d’une chaîne de télévision de Tocoa, est resté dans la rue, et les deux assassins ont pris la fuite. L’homme qui l’accompagnait a été hospitalisé.
Le journaliste avait dénoncé les menaces de mort dont il était l’objet le vendredi précédent dans son émission de radio, et avait responsabilisé Miguel Facussé [4] pour toute atteinte à sa vie, ce dernier ayant couvert les crimes réalisés par ses contre-maîtres à l’encontre de paysans du MUCA [5]
C’est le deuxième journaliste abattu ces derniers jours au Honduras, et le troisième depuis le début de l’année.
Jeudi dernier, dans des circonstances similaires, deux inconnus ont tué David Meza à La Ceiba, une ville proche de Tocoa.
Bercez, 51 ans, avait été attaqué depuis des 4x4 après être arrivé à son domicile à bord de sa voiture. Il était reporter depuis plus de 30 ans à Radio El Patio de La Ceiba et correspondant dans son village natal pour Radio América et les chaînes de télévision de Tegucigalpa Canal 7 et Canal 10.
Source :
Tercera Informacion "Nuevos asesinatos politicos en el Aguán"
RSF "Asesinan a un periodista de la región atlántica tras amenazas atribuidas al narcotráfico"
El Universal "Acribillan a periodista Nahun Palacios en el Aguan"
Traduction : Primitivi
[1] Zelaya avait lancé une réforme agraire de redistribution des terres en friches aux paysans afin d’augmenter la production alimentaire locale. Les latifundistes conservaient ces terres dans but uniquement spéculatif, les terres des latifundistes sont le plus souvent occupées par les palmiers à huile, monoculture destructrice de part son utilisation de pesticides et d’engrais qui épuisent et empoisonnent le sol, et dont la production n’est destinée qu’à l’exportation. Voir l’article "Palmiers ensanglantés"
[2] L’ex-général était le chef d’état major des armées honduriennes et putschiste, voir les différents articles pour plus de détails sur le personnage :
"Les militaires ayant expulsé Zelaya ont été acquittés"
"Témoignages non journalistiques"
"Les escadrons de la mort ont assassiné près de 30 personnes ce week-end"
"Le Bataillon 14+5 de Romeo Vásquez Velásquez"
"Le Clan 81, source de bien des maux"
"Qui appuie Micheletti et le gouvernement de facto ?"
[3] Un article à ce propos est en préparation
[4] Latifundiste planteur de palmiers à huile, il fait parti de l’oligarchie putschiste qui a ouvertement soutenu Micheletti. La famille Facussé est très puissante au Honduras, comme l’indique le nombre de membres de la famille cités dans cet article "Qui appuie Micheletti et le gouvernement de facto ?". Pour plus de détails, voir également :
"Les palmiers ensanglantés"
"L’armée et la police délogent des centaines de paysans qui réclament des terres volées par les responsables du coup d’état"
"L’armée expulse les paysans pour donner des terres aux latifundistes"
"12 octobre : Jour de la Résistance Indigène et Noire"
[5] Mouvement Unifié Campesino de l’Aguán (MUCA), affilié à la Centrale Nationale de Travailleurs Ruraux (CNTC), a repris la lutte pour la récupération des terres usurpées par les entrepreneurs putschistes.