Jean Marc Rouillan ou la mort à perpétuité

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Qui sommes-nous donc pour tolérer ainsi que l’un des nôtres subisse la mort lente en prison ?

Quels justificatifs nous accordons-nous pour continuer à fermer les yeux pendant que l’autre se fait massacrer sciemment par une justice revancharde ?

Où sont-ils donc tous ces philosophes prompts à défendre le réputé Polanski, si taiseux concernant le cas de Jean-Marc Rouillan ?

Quand bien même n’aurions-nous aucune expérience du monde carcéral, nous avons tous frôlé un jour ou l’autre la maladie et nous connaissons la douleur physique, la fièvre, les suées, les crampes à n’en plus finir, l’envie que le mal se fasse la malle. Comment pouvons-nous accepter qu’un homme en grande souffrance, ayant payé chèrement sa dette à la société, puisse crever sans baume d’apaisement... emmuré vivant ?

Jean-Marc Rouillan développe actuellement la très rare maladie de Chester-Erdheim. Après vingt-trois interminables années derrière les murs dont sept années et six mois en quartier d’isolement, une gorgée d’oxygène à l’extérieur en 2007, puis un retour en apnée à la case départ en 2008,
sa place n’est plus en prison.

Peut-être ne vous sentez-vous pas concernés par le cas épineux de Jean-Marc Rouillan, né le 30 Août 1952 à Auch dans le Gers, ex-militant du groupe Action Directe et talentueux écrivain... peut-être même son nom ne vous dit-il rien.
Alors ce rien, remplissez-le et lisez en toute lucidité ses écrits.

Commencez par son témoignage carcéral : Paul des épinettes et moi : Sur la maladie et la mort en prison (Editions Agone, 2010) et forgez-vous une opinion. Votre opinion.

Continuerez-vous à piétiner un « corps brisé » soupçonné dorénavant de « troubles à l’ordre public » ?

Un corps en douleurs, paré de cathéters, handicapé, appartenant à un homme dont « la peine dépasse celle qui fut donnée à Albert Speer, bras droit d’Hitler condamné à 20 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. »

Cette non-assistance flagrante à carcasse en danger, l’avaliserez-vous en toute couardise ou légèreté ?

Jean-Marc Rouillan est actuellement incarcéré au centre de détention de Muret, près de Toulouse.

En ces temps incertains, il est creux de façonner une identité nationale. Nous sommes semblables. De pitoyables errants prêts à la tonte. Quel que soit le rayonnement du soleil. En laissant faire, en souscrivant à l’intolérable, en cautionnant l’absurdité d’un aveuglement par le silence, nous comprenons que nous basculons dans la pire espèce : celle qui tue et torture sans se tâcher les mains. Et celle-là, n’a qu’une seule identité : monstrueuse.

Parfois, les animaux dévoilent plus d’empathie que les êtres humains. ( (re)découvrir cette vidéo... la fin est révélatrice)

Peut-être devenir Chiens.

Ou Chiennes.

Au nom d’un gramme d’humanité.

Franca Maï
Source : E-torpedo
Romancière


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