Honduras : la dictature n’aime pas les intellectuels

Le point commun des dictatures a toujours été d’étouffer, de réprimer, d’harasser tout ce qui touche au savoir, à la connaissance et à la culture. Le gouvernement de facto de Micheletti ne déroge pas à cette règle : l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire (IHAH) subit depuis le début du putsch des fermetures arbitraires, des licenciements abusifs, et autre joyeusetés. Parmi celles-ci la fermeture par l’armée du Centre de Recherche en Histoire du Honduras en octobre dernier.

Dans la même veine les forces armées ont investi un lycée dans la ville de Choloma, sous prétexte de résistance. Là non plus ça n’est pas le premier lieu d’éducation qui se trouve brimé par le pouvoir putschiste, l’université de Tegucigalpa en a déjà largement fait les frais, et depuis le début du putsch plusieurs professeurs ont été assassinés.

Sous des prétextes fallacieux le pouvoir autoritaire s’attaque toujours à celles et ceux qui pourraient argumenter contre son modèle unique de pensée. En Occident, face aux gouvernements pseudo-démocratiques c’est aussi de cette manière que l’on devine l’autoritarisme qui grandit. En fin de compte le Honduras n’est peut-être pas si loin de nous.

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Le point commun des dictatures a toujours été d’étouffer, de réprimer, d’harasser tout ce qui touche au savoir, à la connaissance et à la culture. Le gouvernement de facto de Micheletti ne déroge pas à cette règle : l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire (IHAH) subit depuis le début du putsch des fermetures arbitraires, des licenciements abusifs, et autre joyeusetés. Parmi celles-ci la fermeture par l’armée du Centre de Recherche en Histoire du Honduras en octobre dernier.

Dans la même veine les forces armées ont investi un lycée dans la ville de Choloma, sous prétexte de résistance. Là non plus ça n’est pas le premier lieu d’éducation qui se trouve brimé par le pouvoir putschiste, l’université de Tegucigalpa en a déjà largement fait les frais, et depuis le début du putsch plusieurs professeurs ont été assassinés.

Sous des prétextes fallacieux le pouvoir autoritaire s’attaque toujours à celles et ceux qui pourraient argumenter contre son modèle unique de pensée. En Occident, face aux gouvernements pseudo-démocratiques c’est aussi de cette manière que l’on devine l’autoritarisme qui grandit. En fin de compte le Honduras n’est peut-être pas si loin de nous.

Les licenciements et la répression contre l’IHAH continuent (Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire)

Le gouvernement de facto continue à harasser les historiens et les intellectuels, avec une ardeur toujours aussi forte pour détruire les avances obtenues pendant la gestion [NDT : de Zelaya], pour détruire le Centre Documentaire de Recherche Historique et pour réprimer les intellectuels défendant l’histoire et le patrimoine au sein du Secrétariat de la Culture et de l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire.

Vendredi après-midi le licenciement de l’historienne Yesenia Martínez, chef de l’Unité d’Histoire de l’IHAH et coordinatrice du Centre Documentaire de Recherches Historiques, s’est ajouté à la liste de licenciements arbitraires.
Cette dernière défendait depuis plus de quatre mois les projets historiques de l’institut et dénonçait la poursuite dont elle et son personnel faisait objet de la part de Myrna Castro, l’usurpatrice et répresseure [NDT : Ministre de facto] de la Culture, des Arts et du Sport.

La semaine dernière Mme Castro avait notifié à Nora Benítez, licenciée en histoire et assistant de recherche au CDIHH l’annulation de son contrat dès début décembre 2009.

Sont reproduites ci-dessous les notifications de licenciement [Les deux lettres de Myrna Castro, en image] et quelques expressions de solidarité que des intellectuels de l’Amérique latine ont envoyée à l’historienne Yesenia Martínez, le collectif Voselsoberano s’associe aux déclarations de solidarité avec les licencées Martínez et Benítez, en réitérant sa répudiation aux actions du gouvernement de facto et de l’usurpatrice Myrna Castro.

Copie de la lettre de licenciement de Yesenia Martínez par Myrna Castro Ministre de la Culture putschiste


Copie de la lettre de licenciement de Nora Benítez par Myrna Castro Ministre de la Culture putschiste

Chère collègue Yesenia Martínez.

Nous avons appris, par la lettre de notre ami et collège Salvador Morales, votre licenciement de l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire, sans motif apparent, mais en vérité à cause de votre défense de l’ordre constitutionnel et des droits de l’homme renversés par le gouvernement conjuré de Micheletti.

Nous avons aussi vu la lettre du licenciement que vous a envoyé la Ministre de Culture de la dictature, madame Myrna Castro, qui reconnaît votre "collaboration précieuse" sur le champ professionnel, en mettant de cette manière en évidence que votre licenciement est uniquement motivé par des raisons d’ordre politique.

En tant qu’historien et ex-Président de l’Association d’Historiens Latino-américains et du Caribe (ADHILAC), j’exprime ma dégoût face à cet acte dictatorial, insensé et abusif, en même temps que je me solidarise avec vous et votre défense de la démocratie.

Pour une intellectuelle démocrate comme vous, un licenciement comme celui-ci est une décoration.

Je vous envoie une accolade latino-américaine,

Dr. Jorge Núñez Sánchez
Directeur de l’Académie d’Histoire et de Géographie de la Maison de la Culture Équatorienne.

Chers collègues et amis.

Cet après-midi j’ai reçu une copie du communiqué destiné à la jeune historienne hondurienne Yesenia Martínez, par la fonctionnaire incompétente que le gouvernement de facto du Honduras a placé à la tête du Ministère de la Culture, des Arts et du Sport, mme Myrna Castro. Cette dernière avait déjà à son crédit négatif en tant que complice de l’usurpation, le licenciement de Darío Euraque précédent directeur de l’UHIHAH.

Devant ce geste injuste, et plus que jamais répressif contre la conduite digne assumée par Yesenia Martínez face à l’émeute conjurée, nous exprimons notre refus le plus vigoureux. Nous exprimons également notre solidarité et notre admiration pour la collègue écrasée [NDT : par le pouvoir en place] qui, comme tant d’honduriennes et d’honduriens s’est opposé à la consolidation du régime de facto avec fermeté et courage, sans mesurer les conséquences. Nous faisons part à elle et aux autres frères qui luttent sur ce front toute notre reconnaissance, notre appui moral et une accolade fraternelle.

Nous sommes sûrs qu’un jour pas très lointain la réparation aura lieu.

Nous diffusons cette condamnation aux coparticipants de la répression au Honduras et le salut solidaire à notre chère collègue Yesenia.

Cordialement,

Salvador E. Morales Pérez
Historien - Membre de l’Association des Historiens Latino-américains et du Caribe (ADHILAC)

Source : Vos El Soberano Continua la persecusión y despidos en el IHAH
Traduction : Primitivi

Les forces armées investissent un lycée soupçonné de résistance dans la municipalité de Choloma.

Près de cent policiers et militaires à la recherche d’armes artisanales et d’outils de boycott pour les élections du 29 novembre, ont investi ce jeudi 12 l’Institut Manuel Pagan Lozano du quartier López Arellano, dans la municipalité de Choloma, dans le département Cortés dans le nord du pays.

Les militaires portaient des fusils de guerre M16 et les policiers du bataillon spécial Cobras [NDT : bataillon qui s’est déjà fait remarqué pour ses accès de violence], en plus des armes à feu, portaient la tenu anti-émeute (casques, boucliers, bombes lacrymogènes, ...).

Après avoir fouillé toutes les installations les forces armées ont déclarées avoir trouvé plus de cent clous soudés entre eux formant une structure à six pointes plus communément appelés "miguelitos" [NDT : ce qui fait environs 17 miguelitos]. Selon le chef de la police, Iván Mejía, ce matériel devait servir à crever les pneus des véhicules qui prennent en charge les urnes électorales et de cette façon entraîner le boycott des élections, bien que ce dernier n’explique pas comment pourrait se réaliser de telles actions, ni la portée que celles-ci auraient pu avoir.

Cependant, Manuel López, actuel coordonnateur du Ministère Public, a dit qu’il n’est pas encore clairement défini que les objets trouvés aient été réalisés pour empêcher les élections, mais le Directeur du lycée, Gustavo Mejía, sera cité à comparaitre pour éclaircir la situation.

Le personnel de l’établissement a indiqué que ces clous soudés entre eux étaient préparés pour les placer sur le mur extérieur afin d’éviter les intrusions. Ils ont dénoncé le fait que les policiers ont cherché à emporter le fusil du gardien destiné à la sécurité du lieu. [NDT : le Honduras connaît un fort taux de criminalité et la présence de maras.]

Choloma est la quatrième municipalité du Honduras avec la plus grande part de l’électorat et le secteur du quartier López Arellano est le plus peuplé de la municipalité du fait de la présence de dizaines de maquiladoras.

Dans le quartier López Arellano de multiples protestations ont été faites contre le coup d’État et ses habitants ont largement participé aux action de résistance à San Pedro Sula.

Le Directeur du lycée a condamné la perquisition, qui selon lui a été réalisée uniquement parce que lui, des professeurs et des élèves sont entrés en résistance : "Comme veulent-ils que nous allions boycotter les élections avec un clou, c’est n’importe quoi. Le boycott que je vais faire envers les élections consiste à ce que je ne vais pas aller voter, comme des millions de personnes le feront dans le pays, pour ne pas participer à ce cirque électoral", a-t-il déclaré devant des manifestants dans le parc central de San Pedro Sula.

En réponse à la perquisition des centaines d’étudiants se sont agglutinés en face des grandes portes du lycée pour protester contre l’abus de la police et beaucoup de voisins sont sortis de leur maison pour venir soutenir la protestation et ont dit être disposés à continuer la résistance.

Source : Vos El Soberano Allanan colegio en Choloma por considerarlo de la Resistencia
Traduction : Primitivi

Les forces armées répriment la Caravane de la Résistance à Tegucigalpa

La Police a capturé les membres de la résistance qui participaient à la Caravane pacifique. Des bataillons complets, armés ont été mobilisés pour les disperser. Les véhicules de la caravane ont dû passer au milieu de grands alignements de policiers et des militaires qui se trouvaient postés dans le quartier San Miguel. La caravane devait se terminer en face d’un supermarché proche de l’Ambassade du Brésil [NDT : où se trouve toujours Zelaya]. Les personnes capturées ont été emmenées au poste de Manchen et les Abogados Contra el Golpe (regroupement d’avocats contre le putsch) et les Organisations de Droits de l’homme, du COFADEH, du CODEH, et du CIPRODEH ont été mobilisés.

La Constitution de la République donne le droit à la mobilisation pacifique. Nous exigeons des forces armées qu’elles respectent ce droit constitutionnel et laissent la Résistance manifeste pacifiquement.

La Résistance

Source  : Vos El Soberano Reprimen Caravana de la Resistencia en Tegucigalpa
Traduction : Primitivi