Honduras : Un déploiement militaire digne d’une guerre pour des palmiers à huile.

La situation dans la région du Bajó Aguán, sur la rive droite de la rivière Aguán dans le nord du pays reste très préoccupante et tendue. Les différentes coopératives mises en place par le mouvement paysan MUCA est sont sous la menace directe de près de 24 commandos militaires équipés d’armes de gros calibre et soutenus par la police et les gardes armés des trois propriétaires terriens de la zone.

Le gouvernement de Profirio Lobo dit maintenir le dialogue tout en faisant des déclarations contraires, accusant les paysans de vouloir déstabiliser le régime. Les médias pro-putschiste quant à eux déverse un flot de désinformations en faisant croire que le syndicat paysan serait un groupe guérillero armé, argument mainte fois utilisé au Chili sous Pinochet ou en Argentine avec la Junte.

La situation au Honduras est extrêmement tendue, les assassinats se sont multipliés depuis le début de l’année et la militarisation de la région du bas Aguán fait encore monter la tension d’un cran.

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La situation dans la région du Bajó Aguán, sur la rive droite de la rivière Aguán dans le nord du pays reste très préoccupante et tendue. Les différentes coopératives mises en place par le mouvement paysan MUCA est sont sous la menace directe de près de 24 commandos militaires équipés d’armes de gros calibre et soutenus par la police et les gardes armés des trois propriétaires terriens de la zone.

Le gouvernement de Profirio Lobo dit maintenir le dialogue tout en faisant des déclarations contraires, accusant les paysans de vouloir déstabiliser le régime. Les médias pro-putschiste quant à eux déverse un flot de désinformations en faisant croire que le syndicat paysan serait un groupe guérillero armé, argument mainte fois utilisé au Chili sous Pinochet ou en Argentine avec la Junte.

La situation au Honduras est extrêmement tendue, les assassinats se sont multipliés depuis le début de l’année et la militarisation de la région du bas Aguán fait encore monter la tension d’un cran.

Arrivée de commandos militaires ce week-end
(photo : El Revistazo)

La forte présence militaire cantonnée dans la zone du Bajó Aguán, fait régner une atmosphère angoisse et d’incertitude quant à une possible évacuation des membres du Mouvement Unifié des Paysans de l’Aguán – MUCA - ceux qui affrontent depuis des décennies les tout-puissants propriétaires terriens de la région, dans une lutte du pot de terre contre le pot de fer pour laquelle 6 personnes ont été assassinées depuis fin janvier.

La nouvelle est arrivée ce week-end. La Coordinatrice des Organisations Populaires de l’Aguán (COPA) a confirmé la présence militaire sur la zone. “Il y a 26 commandos pleins de militaires dans le secteur. Les soldats viennent dans des voitures de type 2.5 et dans des Land Rovers, ces derniers sont utilisés pour le transport d’armement lourd et se garent dans les propriétés des latifundistes du coin."

Elle dénonce également le terrorisme d’État du gouvernement, dirigé par le président Porfirio Lobo Sosa, qui a envoyé 29 commandos militaires et des véhicules sans plaques équipées d’armes de gros calibre, qui sont arrivées à la zone de l’Aguan, autour de 16h heure de l’après-midi du samedi 10 avril, avec l’objectif claire d’effrayer et d’intimider les populations locales.

Dans le document la COPA ajoute que "Nous Responsabilisons le Président de la République, le Ministre de la Sécurité, le Ministre de la Défense et les Entrepreneurs Miguel Facussé, René Morales et Reinaldo Canales, de tout fait violent qui pourraient arriver dans les prochaines heures".

Le bataillon 4, commandé par Billy Joya,
ex-membre de l’Escadron de la Mort 3-16 [1] (photo : Vos El Soberano)

Suivant les témoignages, des patrouilles de militaires et de policiers circulent dans la propriété de palmiers à huile de Facussé. “Ils ont fait d’intenses patrouilles et sont très menaçants, jusqu’à tirer des rafales contre un petit de 10 ans qui est sorti pour les voir quand ils faisaient leurs exercices militaires”, a dénoncé une paysannes au correspondant de defensoresenlinea.com, dimanche dans la nuit.

Plusieurs témoins ayant croisés les convois militaires les décrivaient comme partant en guerre. "Sur la route du littoral de l’Atlantique littoral vers le nord nous avons constaté le mouvement de trois brigades de l’armée, chacune d’elles mobilisant à plus de 11 commandos, apprêtés comme s’ils allaient à la guerre”, a expliqué Andrés Pavón, directeur du Comité pour la Défense des Droits de l’Homme au Honduras (CODEH).

Il a aussi dénoncé la campagne médiatique de désinformation qui veut faire croire que les paysans du MUCA sont un groupe de guérilleros armés et "qu’ils seraient prêt à faire feu sur les militaires, ce qui est totalement faux". Cette campagne est diffusée par les médias appartenant aux familles qui ont un poids économique et politique important dans le pays, les mêmes familles, les mêmes médias, qui soutenaient Micheletti quelques mois auparavant.

Selon l’organisation internationale FIAN, des commandos qui sont installés dans la zone de l’Aguán 12 sont originaires du département d’Olancho et les autres viennent de la ville de La Ceiba.

Durant une communication téléphonique avec des dirigeants du MUCA, le Ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, Jacobo Regalado Weizemblut, a refusé de prendre connaissance des déplacements des militaires. Bien que l’information n’ai pas été confirmée, on suppose que les militaires vont rester cantonnés dans la région du Bajó Aguán jusqu’au règlement du conflit.

Les organisations de défense des droits de l’homme ont demandé à la communauté internationale et à d’autres organisations être “attentifs et d’effectuer toutes les démarches à leur portée pour éviter l’accentuation de la violence dans le Bajó Aguán”.

Le litige pour les terres au Bajó Aguán existe depuis des décennies, mais il a pris plus de force il y a deux mois. Depuis lors, six personnes (NDT : uniquement des paysans et des syndicalistes) ont été assassinées dans ce conflit qui oppose les paysans de la région et les puissants propriétaires terriens René Morales et Miguel Facussé, oncle de l’ancien président Carlos Flores Facussé.

Les monocultures de palmiers à huile de Miguel Facussé.
Polluantes, destructrices et uniquement destinées à l’export.
(photo : Vos El Soberano)

Assassinats et négociation

Les représentants du Mouvement Unifié des Paysans de l’Aguán (MUCA) ont tenté des négociations auprès du gouvernement de Porfirio Lobo Fade et les propriétaires terriens, afin d’obtenir une résolution pacifique de ce conflit.

Mais lamentablement, tandis que les négociations continuent dans la Maison Présidentielle, 6 paysans ont perdu la vie dans le secteur : Feliciano Santos, 40 ans, Francisco Montes et Isidro Cano, 45 ans chacun, Juan Ramón Mejía, 60 ans, Miguel Ángel Alonzo Oliva, 22 ans et José Leonel Álvarez Guerra, 32 ans.
Le dernier assassinat en date est celui de José Leonel Álvarez Guerra qui a été tué le 6 avril par un groupe de paramilitaires alors qu’il revenait chez lui voir son enfant à peine né.

Lundi dernier, le 5 avril, des dirigeants du MUCA ont eu une réunion avec le gouvernement de Lobo, réunion pour laquelle aucune des parties n’a cédé. Le dialogue a été ajourné pour reprendre demain mardi 13 avril. On ne sait toujours pas si il sera effectivement reconduit après que Porfirio Lobo ai déclaré que cette lutte n’est pas pour la terre mais uniquement pour déstabiliser son gouvernement, de même l’arrivée de renforts militaires au cours du week-end fait largement douter du fait que le gouvernement de Lobo veuille continuer le dialogue. [2]

Sources :
Revistazo "Presencia militar en el Bajo Aguán mantiene en zozobra a campesinos"
Vos El Soberano "Campesinos del Aguán bajo asedio : ¿Doble discurso de Porfirio Lobo o falta de poder real ?"
Traduction : Primitivi


[2NDT : cet argumentaire traiter les opposants de terroristes, assimiler des mouvements sociaux ou syndicaux à des guérilleros, donner comme explication une volonté de déstabiliser le gouvernement, utiliser des véhicules sans plaques, etc... Fait parti de la stratégie bien connue de la guerre sale, telle qu’elle avait été mise en place au Chili par Pinochet ou en Argentine par la Junte. Le parallèle entre ce qui se déroule actuellement au Honduras et les dictatures sud américaines des années 60/80 (Chili, Argentine, Brésil, Uruguay, ...) est une réalité. L’État hondurien est entrain de détruire totalement toute une couche de la société hondurienne.

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