Honduras : Lettre du COFADEH pour l’ONU

Le Cofadeh sollicite la Haute Autorité des Nations Unies pour qu’elle nomme d’urgence une commission sur l’emploi de mercenaires au Honduras, il sollicite également la Commission sur les Exécutions Arbitraires et Sommaires, la Commission sur la Liberté de la Presse et d’Information et la Commission des Droits de l’Homme pour qu’elles enquêtent sur les plaintes réitérées de violations des droits de l’homme qui se déroulent au Honduras.

Dans la lettre, le Cofadeh explique aux Nations Unies son inquiétude profonde à propos des détentions illégales, des violations de domicile, des tortures psychologiques, des abus d’autorité et des autres violations des droits de l’homme, qui sont commises contre les citoyennes et citoyens honduriens par l’armée et la police au sein des installations paysaneas de la Vallée de l’Aguán, Département de Colón.

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Le Cofadeh sollicite la Haute Autorité des Nations Unies pour qu’elle nomme d’urgence une commission sur l’emploi de mercenaires au Honduras, il sollicite également la Commission sur les Exécutions Arbitraires et Sommaires, la Commission sur la Liberté de la Presse et d’Information et la Commission des Droits de l’Homme pour qu’elles enquêtent sur les plaintes réitérées de violations des droits de l’homme qui se déroulent au Honduras.

Dans la lettre, le Cofadeh explique aux Nations Unies son inquiétude profonde à propos des détentions illégales, des violations de domicile, des tortures psychologiques, des abus d’autorité et des autres violations des droits de l’homme, qui sont commises contre les citoyennes et citoyens honduriens par l’armée et la police au sein des installations paysaneas de la Vallée de l’Aguán, Département de Colón.

Voici la lettre en question :

Tegucigalpa, MDC.,
Le 13 avril 2010

Monsieur le Haut Commissaire des Nations Unies
Genève, Suisse

Monsieur,

Je m’adresse à vous, pour exprimer certains de nos soucis à propos des détentions illégales, des violations de domicile, des tortures psychologiques, des abus d’autorité et autres violations aux droits de l’homme, qui sont commises contre les citoyennes et citoyens honduriens par l’armée et la police au sein des installations paysannes de la Vallée de l’Aguan, Département de Colón.

LES FAITS :

Le mardi 23 mars 2010 dans la ville de Tocoa, Colón, le gouvernement du Honduras a présenté au Mouvement Unifié des Paysans de l’Aguán (MUCA) la deuxième proposition des entrepreneurs au nom de l’État du Honduras pour négocier le conflit.

Le jeudi 01 avril 2010, le paysan Miguel Ángel Alonso Oliva 22 ans a été assassiné, un membre de la Coopérative Guanchías, placée sur la rive gauche du Río Aguán, par un tir de R-15.

Le 07 avril 2010, a été assassiné José Leonel Álvarez Guerra, 32 ans, membre de la Coopérative La Confianza, placée sur la rive droite du Río Aguán, sur les terres revendiquées par l’entrepreneur Miguel Facussé. Il a été tué de cinq balles qui ont été tirées depuis une moto en déplacement montée par deux individus.

Vendredi 09 avril 2010, après qu’une chaîne nationale ai diffusé à la demande du “Gouvernement de Réconciliation et d’Unité Nationale” une information menaçant de sanctions pénales pour la fabrication, la détention, le transport, l’usage, l’acceptation, l’acquisition ou la fourniture d’armes, d’explosifs ou le matériel de guerre ou de combat, en détaillant fusils AK-47, sous-mitrailleuses, pistolets et chimbas (arme de fabrication artisanale), sans commandement visible ont mobilisé plus de 2500 policiers et militaires vers la zone du Bas Aguán, où le MUCA discutait des propositions des entrepreneurs René Morales (nicaraguayen) ; Reynaldo Canales (salvadorien) et Miguel Facussé Barjum (palestinien).

Le samedi 10 avril les forces armées militaro-policières ont pris le contrôle de toute la zone, en amenant dans cette intention des véhicules blindés légers, des mortiers, des vedettes rapides, des commandos militaires et des véhicules spécialisés dans le combat tout terrain. Ils ont fermé tous les accès conduisant à la Coopérative La Confianza.

Le dimanche 11 avril la Coopérative Guadalupe Carney a été assiégée par l’armée et la police, coopérative qui avait déjà été en septembre 2008 le théâtre d’affrontements entre les paysans et les propriétaires terriens de la région, était présent le sous-commandant de police Henry Osorto, le même qui commande aujourd’hui l’opération autour de cette coopérative.

Le lundi 12 avril les forces d’occupation ont maintenu le contrôle de toutes les entrées et des sorties du département de Colón vers Olancho, Olanchito et San Pedro Sula, et un contrôle total de la Lagune de Guaymoreto, adjacente à la vallée. Aujourd’hui 13 avril, ils ont arrêté quatre jeunes étudiants qui allaient vers l’École Normale de Trujillo, chef-lieu du département, par la suite ils ont été relâchés.

Le 11 et 12 avril, les opérations de contrôle militaire - avec listes en main - ont contrôlés toutes les personnes qui passaient dans le département, ce qui indique l’existence d’une liste de profils individuels des leaders paysans de la région. De la même manière, ils ont pris note de la quantité de lits disponibles dans chaque centre hospitalier de la région, le 12 avril ils ont également ordonné aux petits commerçants qu’ils ferment leur commerce à 19h00. Tous ces ordres ont été mis suivis tandis que les séances de négociation du conflit se déroulent à l’Institut National Agraire et à la Maison Présidentielle, entre des agents du régime de Lobo Sosa et la direction du MUCA.

Le mardi 13 avril à l’aube ils sont rentrés et ont investit les maisons de la coopérative El Despertar, où ils ont arrêté Ulises Laínez et Vicente Padilla, relâchés après quatre heures de détention arbitraire. Durant cette opération les forces du gouvernement ont agressé physiquement et psychologiquement quatre mineurs de 2,4,6 et 10 ans. Ils ont également investit la communauté de Rio Claro, proche de la coopérative El Despertar, et sans aucun ordre ils ont investit trois domiciles dont ils ont intimidés les habitants.

Aujourd’hui un mardi 13, tandis que la Force Aérienne fait patrouiller des avions de combat F-15 dans le ciel de La Ceiba et de Tegucigalpa, monsieur Lobo Sosa était attendu à 15h00 par la direction paysanne de l’Aguán, ses conseillers et des leaders de la résistance nationale. Le pays est dans l’attente des résultats de cette négociation menée sous la menace des armes pointées sur les coopératives agraires en litige.

NOTRE DEMANDE :

Devant la gravité des faits décrits ci-dessus et pour éviter un bain de sang vu l’absolue inégalité entre les forces en présences dans la zone de l’Aguán, nous sollicitons qu’il soit demandé au gouvernement du Honduras :

- Que soit ordonnée une enquête indépendante, exhaustive et impartiale à propos des plaintes réitérées de violations des droits de l’homme, avec l’intention d’identifier les responsables, étant donné que l’une des personnes dénoncées comme directeur de l’opération de l’Aguán est un membre connu du Bataillon 3-16 [1], du nom de Billy Fernando Joya Améndola [2].

- Que soit nommé immédiatement un médiateur ou une commission avec des représentants du groupe de travail de l’ONU sur l’emploi de mercenaires, de la Commission sur les Exécutions Arbitraires et Sommaires, de la Commission sur la Liberté de la presse et de l’Information, et un représentant de la Haute Autorité des Droits de l’homme des Nations Unies.

Cette action comporte un caractère urgent, vue l’incapacité à se défendre dans laquelle se trouve le peuple hondurien par le manque de légitimité de l’État après la rupture du fil constitutionnel en juin 2009, et par le déficit conséquent d’application de la justice, pour que d’une forme générale l’on puisse garantir le respect des droits de l’homme et la liberté fondamentale sur tout le pays, conformément aux normes internationales ratifiées par le Honduras.

Respectueusement,

BERTHA OLIVE DE NATIVI
Comité mixte

Source : Defensores en linea "Carta del Cofadeh al Alto Comisionado de las Naciones Unidas"
Traduction : Primitivi


[1Le Bataillon 3-16 (ou 316) était un escadron de la mort, il était aussi connu sous le nom de Groupe des 14. Le chef d’état-major des armées hondurienne, Romeo Vásquez Velásquez, est fortement soupçonné d’avoir réactivé un escadron de la mort portant le nom de Bataillon 14+5.

Le nom du bataillon proviendrait du fait qu’il est formé de quatorze commandos militaires spécialisés en contre-insurrection, soigneusement choisis par Romeo Vásquez Velásquez, à qui ont été adjoints 5 commandos policiers provenant du Commando Spécial des Cobras. Pour la petite histoire Romeo Vásquez Velásquez, chef des armées au moment du putsch de juin dernier, a été nommé le 8 mars dernier gérant de l’entreprise Hondurienne de Télécommunications (Hondutel) par le président Porfirio Lobo Sosa.

Sur ces deux points voir "Le Bataillon 14+5 de Romeo Vásquez Velásquez" et "Honduras : entreprises, taxes et militaires" ainsi que les autres articles dans lesquels il est cité

[2Billy Joya : Dans l’opération en cours il commande le 4° Bataillon (Cuarto Batallon) qui coordonne l’opération.
C’est un ancien membre de l’escadron de la mort Bataillon 3-16, il était conseiller en sécurité du président de facto Roberto Micheletti après le Coup d’État de juin 2009.

Pour en savoir plus sur ce triste sire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Billy_Joya

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