La réunion organisée mardi entre les étudiants et le président Sebastián Piñera a été annulée.
Mais le ministre Bulnes a indiqué qu’une nouvelle date de réunion sera proposée cette semaine. Le haut-fonctionnaire a insisté sur la nécessité d’amener au dialogue les différents secteurs impliqués dans le conflit éducatif.
Dans ce sens Andrés Chadwick, Secrétaire Général du gouvernement a qualifié la proposition de dialogue par le président chilien comme une rencontre pour "désentraver" le conflit. Selon Chadwick, le Président assume un "défi" en acceptant de s’entretenir avec le mouvement étudiant.
Pour leur part les étudiants ne se sont pas encore prononcés sur la décision du Gouvernement d’ajourner la réunion.
L’invitation avait été lancée par le président Piñera après deux jours de grève nationale initiée par la Centrale Unique des Travailleurs (CUT). C’est durant ce mouvement qu’un jeune homme de 16 ans a été assassiné.
Le mouvement étudiant avait déclaré que l’invitation du gouvernant était un premier rapprochement qui "ne constitue ni une réunion de travail ni une table de négociation".
Préalablement à la rencontre le chef de l’État s’était refusé à discuter avec les étudiants.Dans le même temps Piñera avait déclaré ces derniers jours que l’éducation ne pouvait pas être gratuite. Déclaration faite après avoir unilatéralement approuvé la Loi sur l’Éducation.
Cette loi a été rejetée par le secteur éducatif considérant qu’il n’avait pas écouté leurs demandes pour une éducation gratuite et de qualité [1].
Source : Agencia Púlsar
Traduction : Primitivi
[1] Le Chili est un des pays les plus inégaux en matière d’accès à l’éducation. « Le problème, c’est que l’Etat chilien a créé un système éducatif régi par les lois du marché, qui exclut les plus pauvres d’une éducation de qualité, explique Daniela Barrera de la Fundación para la Superación de la Pobreza (Fondation pour l’élimination de la pauvreté). De ce fait, l’école crée et reproduit les inégalités inhérentes à la société chilienne. » Quarante-deux pour cent des enfants les plus pauvres ne terminent pas la scolarité obligatoire (contre trois pour cent des enfants les plus riches), et moins d’un·e enfant pauvre sur dix peut faire des études supérieures. Les résultats les plus bas en matière d’apprentissage se situent dans les établissements publics les plus pauvres.
Il faut dire que le modèle éducatif chilien est un vieil héritage de la dictature : la Loi sur l’enseignement avait été introduite le 10 mars 1990, un jour avant la fin de la dictature ! Cette loi définit que la responsabilité de l’éducation est en mains privées. L’Etat se contente de subventionner les établissements en fonction du nombre d’étudiant·e·s et du nombre d’heures de présence. Une formule censée stimuler la concurrence entre établissements, et donc la qualité de l’enseignement. La réalité est tout autre : les municipalités ne disposent pas de ressources suffisantes pour gérer l’enseignement public, et les inégalités sont criantes.
extrait d’un article du site Amnesty International
Confrontés à des frais d’inscription les plus chers du monde après les Etats-Unis et un des plus privatisés, les étudiants dénoncent un système qui reproduit strictement les inégalités de naissance. Avec plus de la moitié des étudiants inscrits dans une université privée dont les prix varient de 350 à 1300 euros par mois, l’accès aux études de qualité n’est réservé qu’aux enfants de milieux favorisés. Loin de contrer ces inégalités, les universités publiques restent aussi peu accessibles. L’Etat chilien ne les finance qu’à hauteur de 10% maximum. 90% des coûts de l’éducation restent à la charge des étudiants, avec des mensualités variant entre 275 et 500 euros par mois. Condamnés à s’endetter pour étudier, les étudiants passent ensuite leur vie à rembourser leurs prêts.
extrait d’un article du site de l’UNEF