Avec l’établissement des bases militaires en Colombie, la réactivation et le déplacement de la 4° flotte des forces navales des États-Unis dans les eaux caribéennes et le putsch militaire au Honduras les vents qui soufflent sur le continent annoncent des tempêtes de guerre. Avec cette manoeuvre politico-militaire déguisée en “aide humanitaire“ le gouvernement d’Obama a occupé de facto Haïti ouvrant ainsi un autre front de guerre qui menace directement Cuba et le Venezuela.
Le triomphe électoral de Sebastián Piñera, représentant de l’extrême-droite chilienne, du capital national et international, sonne le début d’un nouveau chapitre de la lutte des classes au Chili, au niveau continental cette élection signifie un changement sui generis dans la corrélation des forces, parce qu’il faut s’attendre à ce que le nouveau gouvernement chilien s’aligne, sans détour ni réserve, sur l’axe pro-impérialiste Mexique-Honduras-Panamá-Colombie-Pérou.
Antonio Gramsci dans l’un de ses cahiers consacrés au sujet “Économie et idéologie” commente : “... En réalité, toute phase historique réelle laisse une trace dans les phases postérieures, [...]. Le processus de développement historique est une unité de temps, dans laquelle le présent contient tout le passé, et dans le présent on ne conserve du passé que ce qui est "essentiel", sans le résidu "inconnu" qui en est la vraie "essence" ...” [1]
Les forces politiques organiques de gauche qui étaient dispersées, isolées ou obnubilées par leur participation dans l’administration du pouvoir de l’État chilien se verront dans l’obligation, étant dans l’opposition, de chercher de nouvelles formes de lutte qui permettront, parmi beaucoup d’autres choses, de transformer l’héritage législative de la dictature en un outil qui soit en fonction des grandes majorités populaires. Le processus indispensable de critique et d’autocritique pour appréhender et comprendre scientifiquement les avancées et les reculs de la lutte des classes est le travail de toutes les forces populaires. Parce que bien que seule une minorité de la gauche chilienne a activement participé à l’administration de l’état, la responsabilité historique du développement de la société chilienne incombe à tous. Je ne veux pas dire avec cela que la responsabilité politique des échecs des différents gouvernements de Concertation au cours des vingt dernières années soient répartis de manière égale. Les degrés de responsabilité historique seront définis conformément au rôles occupés durant ces années et aux fonctions administratives remplies suivants les attributions, les droits et les obligations juridiques-légales établies par les accords entre les partis politiques en question et le rayon d’action défini dans la Constitution Politique.
Dans l’article 5 il est stipulé que le peuple exerce son droit de choisir de manière souveraine et libre le destin de la nation au travers du plébiscite et des élections.
L’article 32, 4 de la constitution politique chilienne octroie au Président ou à la Présidente du Chili des attributions spéciales, comme celle de convoquer un plébiscite pour les cas stipulés par l’article 117. [2]
Ayant une connaissance de ces lois et attributions légales on se demande : pourquoi n’a-t-on pas demandé au peuple chilien durant ces vingt années dernières s’il était d’accord ou non avec la constitution politique héritée de la dictature ? [3]
L’Amérique Latine vit aujourd’hui un rejaillissement d’idées et de projets sociaux dans un monde globalisé et militarisé par les forces de l’impérialisme nord-américain. Où existent des réserves stratégiques de ressources naturelles non renouvelables, les forces armées américaines et ses alliées sont présents. L’avance des forces populaires et des grands mouvements sociaux au cours des dernières années est un signe que la crise idéologique provoquée par l’écroulement de l’URSS est terminée.
Cependant, nous devons rester très vigilants parce que l’ennemi ne se repose pas et ne reste pas les bras croisés en nous voyant construire le socialisme du XXIe siècle.
Les forces contre-révolutionnaires dirigées par l’impérialisme nord-américain se regroupent pour frapper les plus faibles chaînons du processus révolutionnaire. Le Honduras est un exemple qu’il faut prendre très au sérieux.
Dans ce sens, la bataille des idées a une importance stratégique pour démasquer toute entéléchie et idée fallacieuse impérialiste. Le conflit des sociétés modernes n’est ni religieux ni culturel. Derrière ces nébuleuses propagandistes on trouve l’essence de l’impérialisme : imposer par la force les intérêts politiques, économiques et culturels d’une minorité au niveau local et mondial c’est-à-dire : la Pax Americana ! [4]
Source : Rebelion "La perspectiva Latinoamericana en los próximos años"
Traduction : Primitivi
[1] Cuaderno VII : I.M.S S. 96-98
[2] Constitución política chilena : Capítulo XIV, Reforma de la constitución : http://www.camara.cl/camara/media/docs/constitucion_politica.pdf
[3] La Constitution chilienne est directement issue du règne de Pinochet puisque promulguée en 1980 et bien qu’elle ait été depuis largement amendée beaucoup d’articles n’ont que peu changé. Comme celui qui permet à l’État chilien d’appliquer une loi anti-terroriste de la dictature au peuple Mapuche.