A travers une liste de diffusion hondurienne nous avons été avertis que l’Hôpital Garífuna de Ciriboya, un hôpital mis en place pour soigner la population noire (et pauvre) de Iriona, région de Colon sud-est du pays, a été pris d’assaut hier matin par la police lors d’une opération anti-narcos.
La multiplicité des points pour lesquels l’hôpital peut déranger le pouvoir - population noire, hôpital à vocation sociale, issu d’un projet cubain, participation des médecins à la résistance au putsch - permet d’émettre de sérieux doutes quant à la réalité de l’opération anti-narcos.
Hier à cinq heures du matin, l’Hôpital Garífuna de Ciriboya a été assailli par des éléments de la police préventive et des soldats qui ont fait irruption dans l’enceinte de l’hôpital en passant à travers une fenêtre. A peu près 15 éléments étaient mobilisés pour l’opération, lesquels ont déclarés participer à une opération anti-narcotique.
L’Hôpital de Ciriboya est le siège du projet Luagu Hatuadi Waduhenu, le premier hôpital populaire garífuna, qui est un modèle d’attention médicale au Honduras, où soignent des médecins ayant obtenus leur diplôme à l’ELAM (École Latino-américaine de Médecine) dont le siège est à Cuba.
Cette action de la part des éléments du Ministère de la Sécurité et de la Défense, doit être ajoutée à la persécution dont est la cible la résistance nationale au coup d’état dans notre pays. Quelques jours auparavant le Ministère de Santé a déclassé l’hôpital en le transformant en simple centre médical, au détriment de la population métis et garífuna de la Municipalité d’Iriona.
La fonction sociale qu’accomplissent les diplômés de l’ELAM au Honduras contraste avec la vision capitaliste de la majorité des médecins honduriens, qui ont renoncé à prêter leurs services dans les zones rurales du pays.
L’Hôpital de Ciriboya a été construit avec l’appui de syndicats de Californie en plus d’une contribution du peuple garífuna, à travers du tezón du Dr. Luther Castillo, qui dans les circonstances actuelles a été l’un des porte-drapeaux de la défense de la démocratie et la construction d’un projet de pays pour tous, qui inclut l’impératif d’une assemblée constituante.
Les narcotrafiquants ont profité de l’isolement dans lequel vivent les communautés garífunas d’Iriona et de Walumugu, avec la complicité de l’élite du pouvoir local, pour utiliser des lieux désolés afin d’effectuer leurs débarquements, en ayant l’appui logistique de bandes associées à l’élite du pouvoir national.
Le phénomène complexe du trafic de stupéfiants au Honduras, spécialement sur la côte du nord s’est mis en place depuis quelques décennies, sans qu’à un moment donné n’existent les mesures déterminantes pour changer le cours de la situation.
Il est de notoriété publique que plusieurs intouchables sont liés à ces affaires illicites, qui continuent à utiliser leurs plantations de palmier africain et des aéroports pseudo clandestins, mais le pouvoir économique qu’ils possèdent les acquitte d’avance de tout délit.
L’assaut de l’hôpital est un message clair dirigé vers le peuple garífuna pour sa participation - spécialement du Dr. Castillo et du personnel de l’Hôpital - dans la résistance au coup d’état. Pour l’OFRANEH l’action punitive contre l’Hôpital, est un échantillon supplémentaire du racisme qui prévaut dans les armées putschistes, qui voient l’appui médical des cubains, et les campagnes exemplaires d’alphabétisation qui ont été réalisées dans certaines parties du pays, ainsi qu’une médecine ayant intégrée une vision sociale comme une menace au régime féodal régnant dans le pays.
Nous nous demandons si une volonté certaine n’existe pas de la part des forces de sécurité, comme procéder à l’assaut de l’hôpital, en prenant le prétexte qu’un jour auparavant un avion avait atterri, supposément pour charger de la drogue, dans une des communes voisines.
Pour notre peuple garífuna, l’assaut de l’Hôpital de Ciriboya, est une agression plus qui démontre que l’un des objectifs primordiaux du gouvernement de facto est de détruire la vision communautaire et de provoquer la violence. Il est inouï que l’un des paradigmes au niveau du continent en matière de santé communautaire, soit agressé par un gouvernement formé d’une poignée de mercenaires au service du Commandement Sud et des compagnies bananières, téléphoniques et pétrolières qui veulent préserver un status quo social au Honduras.
La Ceiba, le 7 Octobre 2009.
Organisation Fraternelle Noire Hondurienne, OFRANEH
Source :
OFRANEH par mail
et reprise par cubadebate Allanado hospital garífuna de Ciriboya
Traduction : Primitivi