Bolivie : Morales entre discours environnemental et or noir

Au niveau international Morales fait preuve d’initiatives bien plus positives et volontaires que les tièdes décisions des pays riches. Par contre au niveau national bolivien le constat est plus contrasté, bien que de bonnes initiatives aient eu lieu depuis son accès au pouvoir il existe une dichotomie marquée entre les discours environnementalistes et les réalités nationales. La Bolivie ayant besoin de développer son infrastructure, et d’exploiter ses ressources, l’économie bolivienne étant toujours très dépendante de ses exportations de minerais et d’hydrocarbures.

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Au niveau international Morales fait preuve d’initiatives bien plus positives et volontaires que les tièdes décisions des pays riches. Par contre au niveau national bolivien le constat est plus contrasté, bien que de bonnes initiatives aient eu lieu depuis son accès au pouvoir il existe une dichotomie marquée entre les discours environnementalistes et les réalités nationales. La Bolivie ayant besoin de développer son infrastructure, et d’exploiter ses ressources, l’économie bolivienne étant toujours très dépendante de ses exportations de minerais et d’hydrocarbures.

Morales entre le discours environnemental et l’or noir
par Franz Chávez

Le gouvernement bolivien d’Evo Morales a finalement consenti à négocier afin d’éviter les protestations des peuples indigènes de l’Amazonie et du Chaco, les communautés avaient menacé d’organiser des marches et des blocages de routes si des mesures n’étaient pas prises pour protéger leurs terres et pour préserver l’habitat.

Un accord de dernière heure a freiné le départ d’une marche indigène de plus de 1000 kilomètres partant de la ville de Riberalta au nord du pays à destination de La Paz, tandis que des délégués gouvernementaux tentaient de persuader les guaranis du sud de suspendre le blocage de la route reliant la Bolivie à l’Argentine.

Les communautés originaires de ces régions demandent la protection du gouvernement pour leurs territoires, riches en bois, eau, minerais et pétrole, en lien direct avec les déclarations sur la défense de la Terre-Mère faites par Morales durant la Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement climatique, qui s’est déroulée il y a tout juste un mois dans la ville centrale de Cochabamba.

Il s’agit d’un moment crucial pour le gouvernement de Morales, premier indigène arrivé à la présidence de ce pays avec une majorité de la population de cette origine.

D’un côté il reçoit de fortes demandes pour la conservation des forêts, les sources d’eau et des terres communautaires d’origine, de l’autre les revenus de l’industrie pétrolière, 1 464 millions de dollars en 2008, semblent fondamentaux pour les coffres de l’État.

"Il est difficile d’exploiter les ressources naturelles sans causer de dommages environnementaux, comme c’est le cas pour les hydrocarbures dont l’exploitation implique de déforester et d’ouvrir des sentiers pour sortir le pétrole et le gaz naturel", a déclaré à IPS Armengol Caballero, directeur du Centre non gouvernemental de Recherche et de Promotion de la Paysannerie dans la Région Du nord (Cipca).

Caballero accuse Morales d’avoir un double discours, il ne renonce pas à l’extraction des ressources naturelles pour "ne pas les laisser dormir" sous terre et cela génère des revenus pour les peuples indigènes.

Pour sa part, le Coordonnateur National de Communication de la Ligue de Défense de l’Environnement (Lidema), Edwin Alvarado, a soutenu avant la consultation d’IPS qu’un "le gouvernement impulse un modèle extractif avec des coûts élevés pour la nature, alors qu’il essaie de démontrer qu’il développe un processus de changement".

Une commission ministérielle et des dirigeants de la Confédération Indigène de l’Orient Bolivien (Cidob) ont négocié hâtivement la semaine dernière et le gouvernement a promis de gérer l’assainissement et la délimitation des terres originaires.

Morales a annoncé qu’il lancera une nouvelle loi forestière et il a dit qu’il réquisitionnera les concessions minières et forestières aux entreprises qui opèrent en marge des normes en vigueur.

L’accord inclut la rédaction d’un règlement de consultation des peuples indigènes avant d’autoriser la construction de routes, de complexes hydroélectriques et le développement d’activités d’exploration ou d’exploitation de minerais et d’hydrocarbure.

Il a également été réaffirmé que le gouvernement bolivien respecte l’Accord 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Déclaration de l’Organisation des Nations Unies sur les Droits des Peuples Indigènes.

Mais l’intérêt officiel d’effectuer des analyses préalables et les consultations des peuples originaires semble se contredire avec les accords donnés sur des projets comme la construction de la route transocéanique entre Villa Tunari, dans le département central de Cochabamba, et San Ignacio de Moxos, dans le département Beni au nord, a soutenu Alvarado.

Le mode de vie frugal, fait de chasse, de cueillette et d’utilisation des sources d’eau du parc de plus de 60 communautés vivant dans le Parc National Isiboro Sécure sera affecté par cet ouvrage soutient Alvarado.

"C’est l’une des rares zones de bordure de montagne en Amérique du Sud" qui garde un style de vie dans un territoire considéré comme sacré par les habitants du lieu, complète Alvarado.

"Les politiques du gouvernement disent se concentrer sur les valeurs du respect pour la Terre-Mère, pourtant un contre discours fvorise l’incursion accélérée de mégaprojets, transgressant les droits indigènes avec des politiques peu éthiques dans l’application de méthodes de consultation et de justifications", a déclaré à IPS Daniela Leytón, présidente du groupe environnementaliste Kandire.

Leytón a qualifié la Bolivie de pays ayant une haute dépendance envers le ressources naturelles et une faible capacité industrielle, "ce qui entraine une haute activité ’extractive’ et la concentration des exportations dans les secteurs des hydrocarbures et de l’industrie minière".

En révisant les données macroéconomiques, Leytón a observé une augmentation du PIB à 20% dans les quatre ans du premier gouvernement de Morales, commencé en 2006, grâce à l’augmentation de l’exploitation des ressources naturelles. En contraste, la pauvreté continue d’affecter 60% de la population.

L’analyse économique de Leytón observe avec souci la faiblesse de l’État dans la continuité du paiement de la prime aux mères enceintes, ce qui a obligé le gouvernement a demander un prêt de 20 millions de dollars sur 40 ans auprès de la banque Interaméricaine de Développement.

Source : IPS Noticias "Morales entre el discurso ambiental y el oro negro"
Traduction : Primitivi


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