Marseille/Colombie : un résumé de la rencontre avec Agustin Jiménez, lundi 16 novembre.

Au cours de cette soirée, Agustin Jiménez, avocat, membre du Comité de
Soutien avec les Prisonniers Politiques a abordé la situation des Droits
de l’Homme en Colombie et les relations qu’entretien l’Union Européenne
avec ce pays.

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Au cours de cette soirée, Agustin Jiménez, avocat, membre du Comité de
Soutien avec les Prisonniers Politiques a abordé la situation des Droits
de l’Homme en Colombie et les relations qu’entretien l’Union Européenne
avec ce pays.

La tournée d’Agustin Jiménez en Europe qui prendra fin la semaine prochaine à Madrid, a pour but de renforcer les liens entre la société civile colombienne et la société civile en Europe afin de faire pression sur nos gouvernements contre la signature d’un traité de libre échange (TLC dans son sigle en espagnol) et pour exiger le respects des Droits humains dans un pays où le nombre de déplacés (réfugiés internes à la Colombie) s’élève à 5 millions de personnes (1 million 400 milles ces 7 dernières années de gouvernement Uribe).

Arrivé au pouvoir en 2002, Alvaro Uribe, s’est lancé dans une campagne de « sécurité démocratique », vaste programme de « lutte contre le terrorisme » qui a vu la militarisation de l’ensemble du pays. La Colombie dépense plus de 7% de son P.I.B. en matière de « sécurité ».

L’objectif déclaré d’Alvaro Uribe lors de son accession au pouvoir est celle d’accélérer la globalisation et attirer les capitaux étrangers, il s’est donc lancé dans une vaste entreprise de privatisation (on peut mentionner en particulier le secteur énergétique), et s’est attaqué aux acquis sociaux en matière de Droit du Travail, par ailleurs l’État accorde de larges concessions territoriales aux multinationales soit pour l’exploitation de minerais, soit pour l’extraction d’hydrocarbures et encourage par son action la culture à grande échelle d’agro-combustibles.
Au vu de ces objectifs, l’importante population rurale en Colombie est un obstacle, la petite paysannerie a subit les agressions les plus marquées ce qui explique le nombre de déplacés chiffré à plusieurs millions. La propriété collective obtenues par les communautés indigènes et afro-colombienne sur les territoires où elles développent leurs activités depuis des siècles, identifiée elle aussi comme un obstacle par le pouvoir n’est pas respectée et tout est mis en œuvre pour en réduire la portée.

Pour attirer les investissements étrangers, Uribe a besoin de montrer qu’il est en train de « gagner la guerre contre le terrorisme », ainsi, à en croire les chiffres gouvernementaux 226% de la guérilla a été supprimée. En effet les membres de la guérilla étaient chiffrés à 25000 au début du gouvernement Uribe, depuis il y a eu 30000 arrestations, 12000 démobilisés (anciens guérilleros réinséré dans la société, et 17000 « morts au combat » …
Cela a poussé les organisations de défense des Droits de l’Homme à mener des recherches sur ces chiffres et de mettre à jour le plus grand scandale de ces dernières années, celui des « falsos positivos » : l’assassinat de personnes des milieux pauvres des banlieues, leur transport dans des zones de présence de la guérilla et le déguisement de ces assassinats en attaques contre la guérilla.
Dans un premier temps les organisations de défense des Droits de l’Homme
avaient chiffré ces assassinats extrajudiciaires à 1200, le pouvoir s’était empressé de lancer une campagne de désinformation tentant de lier ces organisations à la guérilla. Depuis, un rapporteur spécial des Nations Unies s’est déplacé à Colombie est a réuni les documents qui signalent 1800 de ces assassinats ; le pouvoir judiciaire colombien a réuni pour sa part 2200 dossiers, en fait il s’avère aujourd’hui que le nombre de ces assassinats faits passés pour « morts au combat » concernerait de 8000 à 9000 cas. Face à ce scandale, l’État essaie de faire endosser la responsabilité par quelques subalternes mais une circulaire interne aux armées a été rendue publique où apparaît le système de primes mis en place pour tout guérilleros abattu au combat.
Il a été ainsi découvert que des assassinats extrajudiciaires avaient été commis pour des primes de 1000€ ou pour obtenir 2 semaines de permission. Le pouvoir en place et les militaires se retrouvaient tous deux dans ce jeu gagnant-gagnant, pour les uns il s’agissait d’obtenir des avantages en nature, pour les autres on obtenait des chiffres qui montraient la réussite de la « guerre au terrorisme ».

En Colombie, tout défenseur des droits des populations est une personne menacée. La Colombie totalise 60% de l’ensemble des syndicalistes assassinés dans le monde. Dans ce contexte, négocier un traité de libre échange avec la Colombie, c’est se rendre complice de l’usurpation de terre aux populations paysannes, aux communautés indigènes et afro-colombiennes, c’est se rendre complice de la violence et des pratiques d’un État paramilitaire.