Bolivie : Morales a tenu des propos homophobes...Vraiment ?

A l’ouverture du sommet de Cochabamba Evo Morales aurait eu un discours homophobe selon les différents articles ayant fait le tour du monde. Mais qu’en est-t-il exactement ?

Ces paroles ont-elles bien été homophobes, ou bien ont-elles été déformées et disséminées dans toutes les agences de presse ? Contrairement à nos quotidiens El Cambio journal de gauche bolivien a publié deux articles sur le sujet : l’article de l’AFP qui prête des propos sexistes au chef de l’état bolivien et un article d’un journaliste bolivien qui remet cela dans son contexte.

Une explication de texte nécessaire, les attaques contre les idées progressistes et alternatives étant de plus en plus pressantes et diffamatoires. Aspect que l’on connaît bien en France depuis l’arrivée de Sarkozy où la presse s’auto-musèle et se met aux ordres.

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A l’ouverture du sommet de Cochabamba Evo Morales aurait eu un discours homophobe selon les différents articles ayant fait le tour du monde. Mais qu’en est-t-il exactement ?

Ces paroles ont-elles bien été homophobes, ou bien ont-elles été déformées et disséminées dans toutes les agences de presse ? Contrairement à nos quotidiens El Cambio journal de gauche bolivien a publié deux articles sur le sujet : l’article de l’AFP qui prête des propos sexistes au chef de l’état bolivien et un article d’un journaliste bolivien qui remet cela dans son contexte.

Une explication de texte nécessaire, les attaques contre les idées progressistes et alternatives étant de plus en plus pressantes et diffamatoires. Aspect que l’on connaît bien en France depuis l’arrivée de Sarkozy où la presse s’auto-musèle et se met aux ordres.

La presse internationale tient une position critique sur le sommet de Cochabamba

Cárdenas, de l’agence AFP, possède regard propre sur le sommet des peuples sur le changement climatique.

Débordant d’enthousiasme, mais limitée à un discours de condamnation à outrance du capitalisme, la Conférence Climatique qui se déroule en Bolivie se présente plus comme une réunion dans laquelle les victimes du réchauffement global ont la possibilité de se plaindre et de se soulager.

A Tiquipaya, un hameau voisin de Cochabamba au centre de la Bolivie, entre les indigènes et les mouvements sociaux provenant des cinq continents, environ 20 000 personnes discutent des effets du réchauffement global.

Les natifs se déclarent comme les principales victimes du changement climatique, un problème – insistent-ils – qu’ils n’ont pas causé.

“En Alaska, à cause au réchauffement global nos rivières ne sont plus totalement gelées. Nos peuples les utilisaient comme des routes, mais maintenant ils ne peuvent plus voyager en sécurité sur celles-ci”, dit à l’AFP Brad Garness de la tribu Samish.

L’avis est que l’augmentation de la température est aussi la cause des tremblements de terre, des inondations, de l’apparition de maladies ou d’autres catastrophes naturelles.

“Tous ces phénomènes qui se passent dans le monde sont faits par l’homme. Ces frères sont fous qu’on ait provoqué beaucoup de maladies, beaucoup de choses ont été faites”, affirme de son côté l’amauta (savant) Aymara Lucas Apaza.

Les participants de la conférence participent aux 17 tables rondes de la discussion sur différentes aspects du réchauffement global.

“Ce Sommet se déroule comme une prophétie indigène qui dit qu’un jour les gouvernants et les peuples vont regarder vers l’intérieur d’eux-même pour parler de la Terre”, déclare Tom Goldtooth, indigène du peuple Dakota, des États-Unis.

Les thèmes dominants se réfèrent à la proposition du gouvernement bolivien, organisateur du rendez-vous, pour approuver la création d’un “tribunal de justice climatique” et la formation d’une organisation parallèle aux Nations Unies. Un troisième thème est de mettre en place un référendum mondial pour obliger les nations industrialisées à appliquer des politiques contre le changement climatique ou à respecter, par exemple, le Protocole de Kyoto.

Les responsabilités des puissances occidentales dans l’augmentation de la température sont un thème récurrent de la conférence bolivienne.

En fait, la Bolivie a signalé que si les pays industrialisés, qui vont se réunir au sommet de Cancún fin 2010, ne prennent pas d’engagements pour freiner le réchauffement global, elle leur demandera des comptes devant la Cour internationale de justice des Nations Unies à La Haye.

“S’il n’y a pas de compromis de réduction de gaz à effet de serre, nous en tant qu’État de la Bolivie voulons poursuivre les pays développés devant la Cour internationale de justice”, a dit Pablo Solón, ambassadeur de Bolivie aux Nations Unies.

Le diplomate, l’un des principaux responsables du forum, a insisté : “Nous devons agir avec les mécanismes qui existent déjà pour mettre en l’évidence qu’ils (les pays) ne respectent pas la Convention-cadre sur le changement climatique et le Protocole du Kyoto”.

La veille déjà, le président bolivien Evo Morales disait que si les pays industrialisés n’acceptent pas leur responsabilité climatique ils doivent être poursuivis devant la Cour de La Haye parce que “maintenant il est plus important de défendre les droits de la Terre-Mère que de défendre les droits de l’homme”.

Mais Morales lui-même a dévié l’attention sur ces sujets avec une déclaration polémique quand il a fait remarquer que “le poulet que nous mangeons est chargé d’hormones féminines, c’est pourquoi les hommes quand ils mangent ce poulet ont des déviations au sein de leur être en tant qu’hommes”.

Cela a entraîné les critiques internationales des mouvements homosexuels et l’opposition politique bolivienne, qui ont regretté le caractère homophobie de cette déclaration et que Morales utilisait une conférence que l’on suppose destinée à des études scientifiques pour diffuser des légendes urbaines.

José Arturo Cárdenas
AFP

Un journaliste sort du lot pour défendre des mots du président Evo

Zambrana indique que le discours inaugural du président bolivien a été déformée par la presse d’opposition pour manipuler l’opinion publique.

“Dans la conférence mondiale sur le climat, Morales accuse les poulets pour l’homosexualité”, disait aujourd’hui l’auteur d’un article qui fait le tour du monde via Internet.

Comme bon carnassier que je suis, j’ai dévoré la nouvelle cherchant sa valeur scientifique, mais j’ai juste trouvé un effort conscient pour discréditer le Président. Je me suis rendu compte tout de suite que, comme toujours, la presse internationale ne faisait que répéter la distorsion fabriquée à l’origine par la presse bolivienne au service de l’opposition à Morales. Cela ne m’a pas semblé étrange, parce que la droite a toujours utilisé sa presse, parce qu’elle est privée, comme la machinerie la plus efficace pour la fabrication de l’opinion publique.

Ainsi ils ont assassiné un président aussi progressiste que Gualberto Villarroel, en utilisant les organisations féminines, agglutinées autour de l’Église Catholique, pour diaboliser Villarroel comme un tyran “un nazi - fasciste“ qui voulait détruire le sacrement sacré du mariage. Ainsi ils ont, littéralement, assassiné l’homme qui avait aboli la servitude et qui pour protéger la femme et l’enfant indigène avait déclaré le mariage de fait après deux ans, et reconnu les droits des enfants naturels.

En réalité, les magnats miniers l’ont assassiné parce qu’après avoir défendu la Bolivie du pillage, il avait attenté à leurs avantages déloyaux. Le mécanisme a toujours été simple, l’assassiner aux yeux du peuple d’abord, ensuite ceux de l’Église et enfin ceux du reste de monde. Ils l’ont fait grâce à la presse privée, qui en plus de leur appartenir fabriquait la nouvelle et par conséquence l’opinion publique, nationale et par répercussion mondiale [1].

A Morales il a peut-être manqué de préciser ce qu’il voulait dire, mais on ne peut pas accepter cela de son opposition celle qui met des expressions si aberrantes dans son discours. Il n’a pas redéfini l’homosexualité, il a simplement dit que “quand les hommes mangent ces poulets ils ont des déviations au sein de leur être en tant qu’hommes”. Cela dénonce avec courage un problème aussi réel que dangereux pour l’humanité. La testostérone artificielle est l’hormone de la croissance musculaire, qui après avoir été ingérée oblige le corps à augmenter sa production d’oestrogène, parce que le corps ne peut pas vivre hors de son équilibre originel.

Cela arrive aux culturistes qui consomment des stéroïdes. Le problème est qu’après avoir absorbé de la testostérone par voie externe, les testicules réduisent leur production, et quand l’ingestion de testostérone s’arrête, ils restent avec un taux d’oestrogène très élevé, et avec des testicules trop faibles pour recommencer à compenser les oestrogènes pour l’équilibre du corps.

Ce moment arrive quand l’homme développe ce qu’on appelle dans le jargon du sport ‘les seins de chienne’. Les ignorants et mangeurs de poulets, adversaires de Morales, peuvent rire mais je leur suggérerais qu’ils se regardent au miroir et on commence à acheter des soutiens-gorges. Ce problème se produit aussi chez la femme, mais se voit moins parce que les seins sont naturels chez elles et que ceux-ci ont tendance à grossir. Elles se croient même plus jolies, mais la vérité est que cela augmente le risque de cancer du sein, de même chez les hommes. La vérité sur les stéroïdes est qu’ils sont tellement mortels et tout aussi illégaux que leur usage chez des humains est puni de prison, mais ironiquement les aviculteurs les utilisent impunément.

L’opposition ridiculise Morales, mais cela les maintient dans l’ignorance parce qu’ils ne sauront jamais, par exemple, qu’Evo a toute à fait raison dans ce qu’il dit, et qu’en plus il est porté par un puissant mouvement mondial pour la défense de la terre et de l’environnement. Peut-être la droite ignore encore qu’Al Gore, vice-président de Bill Clinton, a gagné un Oscar et un Prix Nobel pour son documentaire "Une vérité qui dérange", dans lequel il accuse la globalisation du réchauffement global et de la destruction de l’environnement. Peut-être l’opposition de Morales ignore aussi que le président Barack Obama possède un verger dans la Maison Blanche pour pouvoir manger bio, et que son épouse Michelle est à la tête d’un mouvement en faveur de la nourriture bio. Peut-être ignorent-ils encore que ce mouvement est déjà imparable, et qu’il y a des milliards de dollars qui y sont investis.

Peut-être ignorent-ils encore que la globalisation est une folie, pour laquelle les grands capitaux nord-américains ont rempli les mers de cargos, déplaçant des matières premières depuis les pays pauvres qui doivent les vendre pour pouvoir manger. Depuis des pays qui fabriquent des pièces et où les capitalistes exploitent certaines conditions.

Qu’ils aillent donc en Chine, où leurs usines contaminent le pays et paient un dollar par jour la main-d’oeuvre qui fabrique des produits finis. Qu’ils commencent donc la distribution massive dans le monde entier pour vendre moins cher et tuer toutes les autres industries qui n’exploitent pas ni ne détruisent comme eux. Peut-être l’opposition de Morales ignore encore que la globalisation de l’industrie était un projet de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan [2], basé sur un pétrole bon marché pour le transport et l’industrie.

Peut-être les adversaires de Morales ignorent encore que la globalisation est entrain d’épuiser le pétrole de la planète. Qui produit les guerres au Moyen-Orient pour le maintenir à bas prix, qui contamine les mers, les poissons que nous mangeons, et jusqu’à l’eau que nous buvons. Peut-être ignore-t-ils encore que, selon les experts, dans les 50 dernières années la moitié du pétrole de la planèt a été consommé et que si cette folie ne s’arrête pas, si nous ne recommençons pas à vivre avec ce que nous produisons localement en faisant du commerce de proximité, le pétrole et l’eau commenceront à manquer dans moins de 50 ans. Et si rien n’est fait nous perdrons nos dernières vies dans une guerre inégale, pour un verre de notre propre eau.

Morales est peut-être un président à qui il manque une capacité de synthèse dans ses discours, mais il a tout à fait raison dans ce qu’il dit, c’est pourquoi il a tant de succès malgré les énormes capitaux investis par ses adversaires pour essayer d’assassiner sa pensée.

Juan Carlos Zambrana

Source :
Cambio "Prensa internacional también tiene posición crítica al evento"
Cambio "Periodista sale en defensa de las palabras del presidente Evo"
Traduction : Primitivi


[1Sur ce point : la fabrication de l’opinion publique. La stratégie est exactement la même pour toute personne ou mouvement qui va à l’encontre des groupes d’influence. Pour en savoir plus on peut lire le livre du précurseur de cette stratégie, le fondateur des relations publiques en entreprise, "Propaganda - comment manipuler l’opinion publique -" d’Edward Bernays, neveu de Freud. Le livre est consultable en ligne.

[2Donc un projet des "chicago boys" et de Milton Friedmann, qui après avoir initié la mise en pratique de sa théorie néo-libérale au Chili l’a étendu à tout l’Amérique Latine puis en Angleterre (à la faveur de la guerre des Malouines), puis en Russie (à la faveur de la chute du communisme), à toute l’Europe (grâce à la construction de l’UE) et maintenant au monde entier (grâce au 11 septembre)

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