Bien vivir : Un dessein écologique pour la démocratie

En dehors des nouvelles alarmantes provenant des quatre coins du monde une idée chemine lentement depuis plusieurs années, partie des communautés indigènes d’Amérique Latine elle rencontre peu à peu les idées écolo occidentales. Vont-elles déboboïfier (désenbourgeoiser ?) les idéaux environnementaux occidentaux pour qui l’idée est toujours : tout s’achète.

Cela reste encore à voir, mais dans cette idée du "Vivre bien" qui s’oppose au "Vivre mieux" des sociétés de consommation, Leonardo Boff y voit une piste vers une superdémocratie planétaire, une alrtenative à la démocrature mondialisée qui est en train de se mettre en place sous nos yeux.

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En dehors des nouvelles alarmantes provenant des quatre coins du monde une idée chemine lentement depuis plusieurs années, partie des communautés indigènes d’Amérique Latine elle rencontre peu à peu les idées écolo occidentales. Vont-elles déboboïfier (désenbourgeoiser ?) les idéaux environnementaux occidentaux pour qui l’idée est toujours : tout s’achète.

Cela reste encore à voir, mais dans cette idée du "Vivre bien" qui s’oppose au "Vivre mieux" des sociétés de consommation, Leonardo Boff y voit une piste vers une superdémocratie planétaire, une alrtenative à la démocrature mondialisée qui est en train de se mettre en place sous nos yeux.

Un dessein écologique pour la démocratie
par Leonardo Boff

La démocratie est sûrement le plus haut idéal historique a avoir élaboré la vie sociale commune. Le principe qui sous-tend la démocratie est : « ce qui intéresse tous doit pouvoir être pensé et décidé par tous ».

Il a beaucoup de formes : la directe, comme cela se déroule en Suisse, où toute la population participe aux décisions par plébiscite.

La représentative, dans laquelle les sociétés les plus complexes choisissent des délégués, qui au nom de tous, discutent et prennent des décisions. Le grand problème actuel étant que la démocratie représentative se montre incapable de réunir les forces vives d’une société complexe, avec ses mouvements sociaux. Dans des sociétés de grande inégalité sociale, comme le Brésil, la démocratie représentative assume les caractéristiques d’une irréalité, quand ce ne sont pas ceux d’une farce. Tout les quatre ou cinq ans, les citoyens ont la possibilité de choisir leur "dictateur" qui, une fois choisi, se consacre plus à faire de la politique courtisane qu’à établir une relation organique avec les forces sociales.

La démocratie participative qui signifie avancée par rapport à la représentative. Des forces organisées, comme les grands syndicats, les mouvements sociaux pour la terre, le logement, la santé, l’éducation, les droits de l’homme, l’environnement et les autres ont grandi de telle manière qu’ils se constituent comme base de la démocratie participative : pour les décisions à prendre, l’État s’oblige à être à l’écoute et à discuter avec ces forces. Ce système tend à s’imposer partout, spécialement en Amérique Latine.

Il y a aussi, la démocratie communautaire qui est caractéristique des peuples originaires d’Amérique Latine, peu connue et peu reconnue par les analystes. Elle est née de la structure communautaire des cultures originaires du nord au sud d’Abya Yala [1]. Elle cherche à mettre en place le « vivre bien » [2] qui n’est pas notre « vivre mieux » qui lui implique que beaucoup vivent mal. « Vivre bien » est la recherche permanente de l’équilibre grâce à la participation de tous, à l’équilibre entre homme et femme, entre être humain et nature, un équilibre entre la production et la consommation dans la perspective d’une économie de la suffisance et de la décence et non de l’accumulation.

« Vivre bien » implique un dépassement de l’anthropocentrisme : ce n’est pas seulement l’harmonie avec les humains, mais avec les énergies de la Terre, du Soleil, des montagnes, des eaux, des forêts et avec Dieu. Il s’agit d’une démocratie sociocosmique, où tous les éléments se considèrent comme porteurs de vie et ainsi sont inclus dans la communauté, en respectant leurs droits à chacun.

Et enfin, actuellemnt nous nous dirigeons vers une superdémocratie planétaire. Plusieurs analystes comme Jacques Attali (une Brève histoire de l’avenir, 2008) imaginent que ce sera l’alternative salvatrice face à un superconflit qui pourrait, en lui donnant libre cours, détruire l’humanité. Cette superdémocratie part d’une conscience collective qui se rend compte que ce qui unit la famille humaine et la planète la Terre, est ténu. La raréfaction des ressources, le surpeuplement et les menaces des changements climatiques, obligeront les peuples à établir des stratégies politiques globales afin de garantir la vie de tous et les conditions écologiques sur Terre.

Cette superdémocratie planétaire n’annule pas les différentes traditions démocratiques, mais les rends complémentaires. Cela sera obtenu mieux grâce au bio-régionalisme. Il s’agit d’un nouveau dessein écologique c’est-à-dire une autre forme pour organiser la relation avec la nature à partir des écosystèmes régionaux. À la différence de la globalisation uniformisante, ce concept évalue les différences et respecte les singularités de chaque région, avec sa culture locale, en rendant plus facile le respect pour les cycles de la nature et l’harmonie avec la Terre Mère. Nous devons prier pour que ce type de démocratie triomphe, s’il ne le fait pas, nous ne savons pas du tout où nous allons atterrir.

Leonardo Boff est théologien et philosophe.

Source : ALAI, América Latina en Movimiento "Un diseño ecológico para la democracia"
Traduction : Primitivi


[1Abya Yala : nom indigène pour l’Amérique Latine, voir la définition Wikipédia

[2"Vivre bien", est un concept indigène qui se développe partout en Amérique Latine, plus spécialement eu Bolivie, Pérou et Équateur, voir les articles ayant trait au "bien vivir"

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